Depuis le début de la pandémie, les activités de cuisine et de formation en présentiel appliquent les recommandations et consignes sanitaires de la santé publique.
Les photos présentant des personnes qui ne sont pas à deux mètres les unes des autres et/ou qui ne sont pas équipées de masques ont été prises lors d'activités s'étant tenues avant la pandémie.
« Il y aura toujours un moyen là où il y a de la volonté. »
C’est exactement ce qui caractérise la CCHM dans la dernière année; cette volonté indomptable de répondre aux besoins de notre communauté.
Résiliente, innovante et solidaire, notre CCHM s’est grandement démarquée dans le tumulte des derniers mois.
À l’ensemble des membres, je tiens à vous remercier d’avoir accueilli la Cuisine dans vos maisons. La nôtre fût bien vide sans vous mais ce n’est que partie remise. Le jour viendra où les bruits que vous ferez aux chaudrons résonneront à nouveau à nos oreilles.
Merci aux collaborateurs, partenaires et membres du conseil d’administration. Votre présence et votre apport nous permettent d’ancrer notre vision dans la communauté.
Je tiens également à souligner l’incroyable travail de l’ensemble du personnel. Merci pour votre dévouement et votre contribution. Se réinventer apporte son lot de défis; vous avez su les relever et les mener de mains de maître.
On dit qu’une vision accompagnée d’actions peut changer le monde. Nous savons tous et toutes que notre directeur général n’est pas en manque d’actions! Merci Benoist pour ton incontestable leadership et ta vision ingénieuse.
Bonne lecture!
Hors normes!
Haute en couleur!
Riche en créativité!
Impressionnante résilience!
Tous ces qualificatifs peuvent être utilisés pour faire la synthèse de cette année particulière qui prend fin. À la CCHM, l’année a également fait briller plusieurs valeurs chères à nos yeux: le partage, la solidarité et l’action individuelle et collective nous ont permis de traverser une période qui restera gravée dans nos mémoires. Face à l’adversité, l’équipe a su faire preuve de courage et d’adaptabilité pour répondre aux besoins croissants de la communauté.
Malgré un contexte d’apprentissage inhabituel, les apprenants et apprenantes de l’entreprise d’insertion ont tout de même persévéré dans leur parcours afin de rejoindre le marché du travail. Pour les épauler, nous avons mis en place des outils structurants qui les ont aidé·e·s à cheminer et à gagner de l’assurance dans leur vie de tous les jours. Depuis le début de la pandémie, les membres des cohortes de réinsertion socioprofessionnelle ont développé leurs connaissances et leurs compétences dans la production de plats et le montage de paniers de denrées de première nécessité destinés aux plus fragiles de notre communauté; la participation citoyenne est ainsi entrée au cœur de leurs apprentissages. Depuis 19 mois, les « aidé·e·s » sont donc aussi devenu·e·s des « aidant·e·s »! Cette année, nous leur rendons encore une fois honneur.
Nos activités économiques au service du social étant temporairement menacées, nous avons dû faire preuve de proactivité et de créativité: l’ouverture d’une épicerie en ligne, de nouvelles lignes de plats individuels et familiaux congelés, la transformation de La Bocalerie et l’ajustement de notre offre de service traiteur nous ont permis de rebondir.
Les groupes de cuisines collectives dans nos locaux et la présence dans les organismes étant stoppés depuis 19 mois, notre engagement à desservir une plus grande communauté a pris d’autres formes, directement à la maison et dans les milieux HLM, puis par l’ouverture du magasin communautaire. Ces initiatives nous ont permis une approche concrète de partage plus large.
Enfin, la dernière-née! La Ferme agricole de la CCHM contribue au droit à une saine alimentation pour tous. Cette initiative a le potentiel, à terme, d’approvisionner l’ensemble de la communauté et de devenir un moteur de souveraineté locale de production et d’approvisionnement en fruits et légumes pour les familles les plus fragiles de l’est de Montréal.
Puis, cette année encore, les organismes partenaires et les bénévoles ont gardé le sourire et le cœur à l’ouvrage lors de la livraison du soutien en alimentation, une aide qui est devenue si essentielle. Milles mercis, ces liens extraordinaires donnent un sens collectif à nos actions.
En terminant, un énorme merci à notre conseil d’administration qui est toujours présent pour nous soutenir, nous conseiller et nous épauler de façon indéfectible, même et surtout dans les moments d’incertitudes!
Je vous souhaite une bonne lecture!
participant·e·s à la formation de l'entreprise d'insertion
sont né·e·s hors Canada et ont vécu un processus d’immigration.
sont des femmes
ont entre 18 et 35 ans
suivis après le parcours de formation, pendant deux ans
paniers
de Noël pour les familles
repas de Noël
Création d'un magasin communautaire
Lancement d'une épicerie en ligne
variétés de fruits, légumes, salades, fleurs et herbes aromatiques récoltés sur...
· notre toit potager
· les jardinières du Marché solidaire HM
· au 5600 Hochelaga
· à la CSN
· sur les terres de Fondaction.
sites de production agricoles implantés
postes d'horticultrices créés pour les besoins de la ferme agricole
Nouveaux produits
développés cette année :
plats maison en format individuel ou familial
soupes ou sauces maison
recettes de La Bocalerie
tonnes de paniers de première nécessité livrés dans
Habitations à loyer modéré par
organismes communautaires
familles accompagnées
personnes isolées soutenues
repas distribués dans la communauté
Nouveau
site web transactionnel pour favoriser l'économie sociale
des récoltes de la ferme agricole ont été données aux milieux des habitations
à loyer modéré
La CCHM met de l'avant une approche en économie sociale et cultive la qualité de ses services et de ses produits afin de soutenir sa mission d’entraide et d’implication citoyenne, grâce à la diversité de ses activités commerciales. Sans se substituer pour autant aux appuis financiers et aux subventions nécessaires, l'organisme met tout en place pour maintenir son autonomie financière et faire croître sa capacité de développement dans ses projets.
Cette année encore, il nous a été impossible d'accueillir des groupes de cuisine collective dans nos locaux. Qu'à cela ne tienne, nous avons renverser le processus, en cuisinant dorénavant pour ceux et celles qui ont besoin de soutien alimentaire.
Cette année, grâce aux efforts des participant·e·s au programme de réinsertion professionnelle, de nos employé·e·s et de nos bénévoles, c'est plus de 100 000 repas et 16 tonnes de paniers de première nécessité qui ont été distribués par l'entremise des organismes partenaires impliqués dans le réseau de distribution. Nous parlerons de l'apport extraordinaire des Cyclistes solidaires plus bas.
Chaque année, 41 apprenant·e·s rejoignent volontairement la formation en milieu réel de travail afin de développer leurs compétences sociales et professionnelles. Afin d'assurer un retour réussi au sein du monde de l’entreprise, nous les suivons et les soutenons ensuite pendant 2 ans.
Cette année, en plus d'acquérir le métier de base, les participant·e·s sont venu·e·s en aide à leur communauté, ce qui représente une plus-value majeure. Ils et elles l'ont fait en démontrant beaucoup de résilience, et nous leur rendrons honneur en vous présentant quelques portraits.
Aménagé dans l'urgence au coeur de La CCHM, le nouveau magasin communautaire est là pour rester. Il a pour mission d'offrir des denrées aux personnes qui vivent une situation de précarité.
Il est ouvert à tous les membres de la communauté de notre quartier, sans critères d'admissibilité ni de membership; seul le nombre de personnes vivant dans le foyer est considéré lors de la confection du panier.
Nous utilisons certaines de nos activités en économie sociale pour l’environnement de formation : le traiteur à la maison-mère sur la rue Adam, la cafétéria située au siège social de la CSN au coin des rues De Maisonneuve et De Lorimier, et tout dernièrement, deux lignes de plats congelés individuels et familiaux ainsi qu’une épicerie complète en ligne, le tout pour livraison à la maison ou au bureau.
La ferme agricole a été mise sur pied afin de favoriser l'autonomie et la souveraineté alimentaire de la communauté. Notre objectif est de faciliter l'accès à une saine alimentation pour tous. Dans cet esprit, nos quatre potagers approvisionnent en produits frais et locaux l'ensemble de la communauté, en plus de servir d'outils éducatifs en littératie alimentaire.
À l'origine, Le Marché Solidaire HM a été créé à l’initiative de plusieurs organismes du milieu. Aujourd’hui, c’est La CCHM qui l’anime. La fermeture partielle de la rue Adam devant l’organisme deux jours par semaine permet d’offrir un lieu de vie convivial pendant la saison estivale.
Pour se restaurer le midi ou pour faire ses courses, le marché offre aux résident·e·s divers produits locaux, comme les récoltes de La Ferme Agricole pour tous et les produits de l’Épicerie la Collective. Des artisan·e·s et organismes du quartier nous font régulièrement l’honneur de leur visite; nous avons eu la chance cette année d’accueillir en musique « Deux Folles et un Banjo » qui nous ont partagé leurs joyeuses compositions.
Depuis deux ans, le Marché est également un lieu d’initiation à l’emploi pour des adolescent·e·s, comme les participant·e·s de la Récolterie du CJE HM. Ce projet leur fait découvrir la réalité du marché du travail au Marché ainsi qu’à la ferme agricole.
Depuis le début de la pandémie, les équipes de la cuisine ont mis en marche un réseau d’approvisionnement, de production et de distribution auprès des citoyen·ne·s et organismes partenaires.
Un groupe citoyen formé d’une quarantaine de cyclistes nous soutient depuis le début en assurant la distribution des denrées sur l’ensemble du territoire.
Les Cyclistes Solidaires, d'extraordinaires bénévoles, nous ont permis de livrer à toutes les portes sans jamais faillir, en gardant le sourire devant toutes les conditions météorologiques.
Grâce à ces bénévoles, nous ne nous sommes jamais sentis seuls dans notre mission.
Merci du fond du coeur!
Les jeunes disent aux parents qu’on peut les aider, ils servent de relais.
Des parents qui avaient une job stable et n’avaient jamais demandé de l’aide auparavant. Avant le coronavirus, Joelle McNeil Paquet et son équipe aidaient 30 familles en situation de précarité, elles sont plus de 110 maintenant. Voilà le nouveau visage de la pauvreté, ici dans l’Est de Montréal où les gens vivent 9 ans de moins que dans l’Ouest.
Avant, plus de 225 ados fréquentaient les 2 maisons L'Antre Jeunes de Mercier Est, l’aide alimentaire n'était qu'une fraction des services offerts. Là, l’équipe a quintuplé l’offre. Il a fallu bien de la réorganisation. D’abord, convaincre la Ville de Montréal qu’ils devaient continuer à travailler de leurs locaux. Et passer parfois deux à trois à jours à monter-descendre des denrées et boîtes de nourriture : « On se fait des muscles ! » et la semaine se remplit vite.
Tous les mardis, ils livrent les ingrédients nécessaires à une recette qui sera faite en ligne le mercredi. C’est fou de penser que bien de ces ados n’avaient jamais vu un avocat ou coupé un oignon avant. Le jeudi, les travailleurs de rue font de même auprès de la clientèle itinérante et en détresse : de la nourriture, des gants, des masques pour pallier, un peu, à la perte du petit change offert, aux bouteilles vides à porter en consigne…
Le vendredi, l’équipe dresse des tables directement devant les HLM de Mercier pour livrer les boîtes de nourriture et les repas aux familles : « Mercier, c’est un désert alimentaire: avec seulement 2 épiceries excentrées, des prix plus élevés… Une mère monoparentale peut pas passer 3 heures à y aller, faire la file. » Le vendredi est une bénédiction, surtout maintenant qu’il n’y a plus ni déjeuner, ni collation dans les écoles : avec les enfants à temps plein à la maison, la facture d’épicerie explose alors que les revenus sont en chute libre.
Tous les vendredis également, les intervenants font des visites de balcons aux jeunes… des Roméo et Juliette modernes ! L’ado en détresse peut ventiler, ou simplement rigoler un peu, et mine de rien, les parents voient qui les aident. Comme le dit Joelle, «les préjugés sont tenaces face aux maisons des jeunes, une place où ils vont fumer de la drogue, pas un milieu sécuritaire. » Le coronavirus a permis de redorer leur image ! En aidant un jeune, on aide aussi sa famille.
Pour donner cinq fois plus d’aide, il a fallu tisser des liens hors des arrondissements. Un événement-bénéfice tenu par Chambre de commerce de l'Est de Montréal a permis le maillage avec la Cuisine Collective... « et Benoist leur directeur nous a dit qu’on pourrait poursuivre au moins jusqu’en septembre ! »
En septembre, Joelle espère pouvoir réouvrir ses deux maisons de jeunes, en suivant le protocole sanitaire. Et peut être poursuivre de nouvelles façons d’aider : « Avant la pandémie, on ne faisait pas d’interventions d’aide au téléphone ou via les médias sociaux : on voulait que les jeunes sortent de leur isolement, se déplacent… » Mais là, pas le choix : Messenger, zoom, clavardage en ligne, tout pour ne pas briser le lien de confiance et l’aide amorcée avant la crise.
Ainsi soulagés d’une part de leurs malheurs, d’autres jeunes iront dire à leurs parents et leurs amis qu’ils ne sont plus seuls. La cuisine collective, c’est bien plus que des petits plats réconfortants : ce sont toutes ces mains tendues pour repartir du bon pied.
(Texte : Michel Duchesne - Printemps 2020)
Avant la crise, les gens réussissaient à garder la tête hors de l’eau. Là, la faim se montre plus souvent le bout du nez. Sans les collations dans les garderies, le Club des petits déjeuners à l’école, les enfants ont faim à temps plein ! Répit Providence aidait 40 familles, c’est maintenant 180 familles qui comptent sur elles pour manger normalement
Avant le coronavirus, les 7 femmes de Répit Providence assuraient un hébergement de courte durée à des jeunes enfants et leurs familles. Du réconfort, des outils pour passer à travers les épreuves… et de la cuisine collective dans nos locaux. Même pour le petit frère de 3 ans, cuisiner était un jeu stimulant, débordant de couleurs et d’odeurs.
Avec le confinement, ces familles auraient pu être laissées à elles-mêmes et tomber dans les trous du filet social. Pas question ! Répit Providence a plutôt augmenté les livraisons de nourriture, les appels de réconfort pour gérer la colère et l’impuissance. Beaucoup de chefs de famille ont perdu leur emploi, d’autres n’ont plus de break pour aller à l’épicerie et plusieurs n’ont tout simplement pas accès au crédit pour commander aux grandes chaînes. Il fallait soutenir ces hommes démunis et ces femmes fragilisées.
C’était pas évident, parce que nous avons tous nos familles nous aussi !
nous dit Maya Iwaskow, agente de liaison. Leurs propres enfants sont donc devenus bénévoles ! Y’a les ados de la coordonatrice qui aident à décharger les camions de Moisson Montréal, y’a les plus vieux qui font la livraison de paniers… et y’a les petits de Maya qui testent les jeux qu’elle invente pour livrer avec la nourriture. Comme jadis nous attendions le Pif Gadget ou la Petite Presse du samedi, les enfants ont hâte d’avoir l’enveloppe de jeux concoctés par Maya ! Ça va des petits mots fléchés aux coloromap, des mandalas plus flyés pour les ados ! Faut nourrir l’âme et l’esprit, pas juste les bedons !
L’important est de garder le moral des troupes « et d’être équitable ». Ainsi, chaque famille passera au travers de cette épreuve, à coups de petits plats réconfortants de la CCHM et la Tablée des Chefs. Et Répit Providence pourra accueillir de nouveaux les familles à leur maison. L’équipe jardine, ajuste les consignes, prépare les chambres, « Ça va être beau! »
Ces femmes travaillent dès maintenant pour des lendemains chantants.
(Texte : Michel Duchesne)- Printemps 2020
Le méchant virus ne gagnera pas. Comme des chaperons rouges, les employés du Murier livrent des repas à la porte de leurs résidents pour ne pas qu’ils sombrent dans la solitude.
Depuis toujours, Le Mûrier améliore la qualité de vie de 100 personnes avec des troubles de santé mentale. Coincés parfois dans des petits appartements, ils arrivaient à surnager, via notamment des ateliers « Cuisinons ensemble » et « La fabrique à bouffe ». Le Mûrier misait sur la participation de son monde afin de développer leur autonomie.
Le coronavirus a fait basculer ce fragile équilibre.
Comme pour trop de Montréalais, se nourrir est devenu un défi de tous les jours :
Pour une personne qui vit avec la schizophrénie, par exemple, le stress des files d’attente est décuplé. Les commerçants ne prennent plus d’argent comptant et très peu de nos gens ont des cartes de crédits.
Pour faire face au problème, Alex Chayer et son équipe ont transformé les petites cuisines de leurs résidences en laboratoires de survie alimentaire ! « Mais pas aussi gros que la Cuisine Collective… disons qu’on a un cuisiner et demi en comptant nos stagiaires ! »
Ça sent la nourriture maison à tous les jours au Jalon, résidence pour femmes seulement. Chaque vendredi s’ajoute la force des partenaires afin de ne laisser personne sur le carreau : « Vous êtes notre sécurité, avec vous, on sait qu’on manquera de rien. »
L’été, ce modèle risque de continuer. « Et on va investir dans l’air climatisé ! » La chaleur accablante et la médication ne font pas bon ménage. Mais Le Mûrier procurera ombre et soutien à son monde qui jamais ne baisse les bras devant la maladie mentale : «Ils sont courageux, ça m’impressionne ! » Et nous aussi.
(Texte : Michel Duchesne) - Printemps 2020
À un carrefour, on doit faire des choix. On redonne une nouvelle direction à sa vie, on prend le temps de recharger ses batteries avant de continuer sa route mieux équipé. Le Carrefour Hochelaga faisait tout ça pour bien des familles avant le coronavirus. Et maintenant ? Ça continue mais autrement !
Par exemple, les ateliers d’arts créatifs de Mélanie se font en vidéo sur Facebook, comme ses suggestions de livre : la lecture en partage pour vaincre la déprime! Y’a Michel qui se démène deux fois la semaine dans des capsules de mise en forme. Sa prochaine salve sera pour les ados 12-17 ans, « souvent les oubliés du système ». La directrice, Manon Morin, a vu neiger et garde le moral de ses troupes. C’est pas une époque évidente pour personne, « bien des couples se séparent, des familles en arrachent… » alors pas le temps de fermer un Carrefour aussi important dans la communauté.
On y offrait des ateliers de cuisine, d’abord des papas d’un bord, les mères de l’autre, tout ce beau s’est fusionné, donnant même un coup de main aux livraisons de repas bienfaisants de la Cuisine Collective. « On fait la commande ensemble ! » Le mercredi, y’a le Chic Resto Pop qui fait sa part et le vendredi, c’est nous et plus de 30 organismes ! Toute cette entraide alimentaire rejoint plus de gens que prévus : plein de nouveaux sans-emploi n’arrivent pas à joindre les deux bouts. C’est pourquoi, en plus de la mise en forme, Michel aide aux impôts : la semaine dernière, il a rencontré 28 chef·fe·s de famille en une seule journée !
Manon Morin et son équipe finalise leur programmation d’été pour alléger un peu la pression sur des parents épuisés : « Cet été, ça va se passer dans la ruelle verte! » L’arrondissement a fourni un lot de plantes, la ruelle sera encore plus belle pour accueillir les activités estivales.
À toutes les heures, un nouveau groupe ou une nouvelle activité, les pauses pipis se feront à la maison. On y tiendra même un ciné-parc, chacun sa chaise ou son matelas; tout comme les jeux d’eau, le bricolage, mais moins de sorties dans les parcs de la Ville. Et la classique fête de la rentrée des classes ?
On sait pas de quoi va avoir l’air nos vies en septembre… Ça risque de virer party ruelle verte !
rigole Manon qui ne tourne pas en rond à son Carrefour. Tout le monde va de l’avant.
(Texte: Michel Duchesne) - Printemps 2020
Vous en connaissez beaucoup, vous, des frigos qui nourrissent de HoMa à Rivière-des-Prairies ?
Comme des fourmis qui vont et viennent, Virginie et des amis ramassaient les invendus des commerçants locaux. Des familles aussi donnaient leurs surplus qu’ils échangeaient avec d’autres, autant par nécessité que pour lutter contre le gaspillage : se retrouver autour d’un frigo leur apparaissait plus chaleureux que de faire la file à une banque alimentaire. Puis vint la pandémie. Des jobs perdus.
Le bouche à oreille des affamés fit le reste : de 40 familles initialement, voilà que 150 familles dépendent du Frigo Communautaire & Solidaire de l'Est pour leur survie alimentaire.
« Mon père m’a toujours élevée de façon très économe et à réfléchir à nos petits gestes » nous raconte Virginie, la citoyenne indignée à l’origine du projet. Elle opérait un petit hôtel, des ennuis de santé lui firent perdre une part de ses avoirs. Du jour au lendemain, elle qui payait beaucoup d’impôts ne pouvait plus vraiment payer son épicerie. « Le dumpster diving m’est venue naturellement! » C’est un scandale de notre époque de surconsommation : on trouve dans les bennes de déchets des restaurants et commerces des denrées encore comestibles. Tel Robin des Bois (!) Virginie redonnait une part de ce qu’elle trouvait.
Devenue OBNL depuis peu, elle passe des accords avec des restos, boutiquiers et épiciers qui gardent leurs invendus aux congélateurs. Son frigo personnel s’est transformé en deux immenses congélateurs et la bande d’amis est devenue une armée de bénévoles. S’ajoute la La Tablée des Chefs et La Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve qui avec leurs plats préparés permettent à un nombre incroyable de gens seuls et personnes âgées de passer au travers cette épreuve.
Avant, Virginie distribuait des sandwichs invendus du Couche-tard aux itinérants. Maintenant, la pauvreté se retrouve aussi chez d’anciens professionnels sans emploi. Comme elle jadis :
Le frigo m’a sauvé la vie ! J’étais mentalement down, mais depuis 4 ans, j’ai trouvé ma place.
Prôner la simplicité volontaire et la mettre en action, ainsi s’active tout un réseau souterrain d’entraide, comme la résistance de l’époque : on trouve des frigos dans bien des quartiers, des comparses comme Atlantide Desrochers, le frigo de la Petite Patrie ou Bouffe-Action de Rosemont « qui nous permettent d’utiliser des fourgonnettes réfrigérées à moindre coût ».
Leur subvention finit la semaine prochaine… mais pas la lutte au gaspillage ! Les livraisons continueront d’une manière ou d’une autre. Virginie rêve de faire plus de cuisine collective avec des familles d’origines diverses, « des recettes internationales adaptées avec les produits d’ici ». Et lorsque la récolte des jardins communautaires se fera trop abondante, comme les fourmis, ils ramasseront tout ce qui traîne !
Vous avez besoin d’aide ou souhaitez offrir la vôtre ? Le mardi, c’est la distribution. Écrivez-leur : Frigo Communautaire & Solidaire de l'Est…
La lumière d’un frigo, c’est la lumière au bout du tunnel !
(Texte: Michel Duchesne) - Printemps 2020
Plein de jeunes n’avaient jamais mis les mains dans la terre. Ça les calme avec tout le stress qu’ils vivent !
Au CJE, en plus d'aider les 16-35 ans en réorientation de carrière ou en persévérance scolaire, on mise sur la valorisation de l’engagement social. L’agriculture urbaine, emmenez-en ! En plus, avec 3h de volontariat, le jeune ramène des fruits et légumes frais; y’a pas que le moral qui y gagne, même l’estomac.
Les ressources des Carrefour sont méconnues. Autant des universitaires que des raccrocheurs bénéficient d’aide en recherche d’emploi, des références données à la pelle car souvent les gens ignorent leur existence : «Dans 8km², y’a tellement de ressources, mais les gens se perdent dans le web. » nous dit Nicolas Mary, conseiller en employabilité au CJE.
Heureusement, la pandémie aura augmenté le réseau d’entraide du quartier, un peu comme des racines qui s’étendent dans le sol. Ça grandit de jour en jour, à coups de consultations sur les médias sociaux et d’appels à l’aide. Alexandra, experte en persévérance scolaire de la CJE, donne ses conseils via Facebook; Nicolas et les autres multiplient les coups de téléphone. «Les gens sortent de leur isolement. » Notamment, poussés par la faim. « Ben des jeunes ne l’avaient pas vu venir celle-là ! » La perte d’emploi, le retour aux études compromis parfois. « Ils nous disent « j’ai payé ce que j’avais à payer, il me reste pas grand chose pour manger. »
Le vendredi, des dizaines de cyclistes à vélo vont porter des repas aux 4 coins de la ville. Les frigidaires de la CJE servent aussi de point de chute, les jeunes y passent plus tard dans la journée. Certains travaillaient, complétaient leurs études à distance… ou se démoralisaient, comme cette cégepienne qui trouvait difficile de se concentrer seule à la maison. Nicolas, qui a fait son travail social à UQAM | Université du Québec à Montréal, prévoit que plusieurs retarderont leur rentrée à l’automne et travailleront plutôt à temps plein. «Le virtuel et les Zoom ont leurs limites ».
Avec le confinement, les 16-35 ans ont eu le temps de penser à leur mise en forme… et l’importance de faire leur part. Plusieurs continueront d’aider Y'a QuelQu'un l'aut'bord du mur, les jardins communautaires près du Stade olympique de Montréal ou notre Marché Solidaire HM. Encore hier, c’était pour la distribution de plantes de Éco-quartier Mercier Hochelaga Maisonneuve. Cet automne, via La Récolterie, on s’assurera que la générosité des arbres fruitiers ne tombe pas dans l’oubli. Peut-être qu’une part de ces fruits deviendra des ketchups de la Bocalerie ou des plats réconfortants livrés chaque vendredi?
La nature est généreuse, comme le sont tous ces intervenants dans 8 km carré ! Passez-vous le mot !
(Texte: Michel Duchesne) - Printemps 2020
« Donnez-moi de l’oxygène! » chantait Diane Dufresne (Officiel). Depuis février, 6 papas étaient confinés à temps plein à la Maison Oxygène Montréal sans pouvoir voir leurs enfants. « Les papas s’ennuyaient énormément… le Zoom c’est ben beau, mais c’est pas assez ! »
Depuis deux semaines, enfin, les visites reprennent. Les pères respirent. Ici, ils trouvent un répit dans une période difficile de leur vie. Dépression pour l’un, chômage pour l’autre; des difficultés professionnelles, personnelles et souvent conjugales menant à la séparation. Durant trois mois, ils peuvent ventiler et avoir du soutien juridique, psychologique et de l’aide à la recherche d’un nouveau logement : « C’est le plus gros défi à Montréal. Y’a pas de miracle ! » soupire Virginie Bonneau, coordonnatrice. Heureusement, ils comptent sur quelques logements supervisés avec Office municipal d'habitation de Montréal - OMHM, mais il en faudrait tellement davantage !
On manque d’air, d’espace… et de ressources financières pour aider, le triste lot souvent du milieu communautaire : « On a une liste d’attente très longue… » Ça crève le coeur de Virginie :
Quand des places se libèrent, on appelle notre monde. Des fois, la situation a changé pour le mieux, souvent elle a empiré…
En pleine crise du coronavirus, le CCHM a donc fait sa part : nous opérions un petit gîte touristique à même nos cuisines de formation. Bye les touristes, bienvenue les papas, ravis d’avoir un si beau toit pour être en quarantaine. « Les premiers pères accueillis chez vous voulaient pas partir ! » Mais d’autres éclopés attendaient leur tour.
Des Maisons Oxygène, il en faudrait des dizaines : « Avec le coronavirus, y’a un besoin fou de répit parental. Ne serait-ce que quelques heures ! » Mais au moins, Virginie et ses intervenant·e·s ont pu compter sur les petits plats bienfaisants de nos cuisines, ceux de La Tablée des Chefs et le soutien de Moisson Montréal : « De la bouffe, on en a en masse ! » Si les logements sociaux pouvaient être aussi abondants ! Et si les démarches juridiques pour les cas de séparation et de gardes d’enfants pouvaient reprendre aussi : « Une crise dans une crise, c’est pas évident ! »
Et y’a ceux dont on ne parle jamais : les hommes battus. Meurtris. Psychologiquement défaits. Virginie découvre toute cette détresse souterraine,
« On voit pas ça dans notre entourage. Pourtant, sont là… »
Heureusement, le déconfinement est commencé, l’été est enfin à nos portes. Les papas, comme les enfants, inspirent profondément: ça va bien aller pour eux aussi. Ils méritent cette bouffée d’air frais.
(Texte: Michel Duchesne) - Printemps 2020
Nous, on est le 4e trio : on mâche de la gomme, on joue dur dans les coins et on s’arrange pour scorer.
C’est pas le méchant virus qui viendra à bout de Roland Barbier : y’a trop de familles à sauver dans HoMa ! Pour vous donner un exemple, lorsqu’il a lancé OPÉRATION SOUS ZÉRO, il habillait en neuf pour l’hiver 89 jeunes. L’an dernier, soutenu par Paul Arcand, c’est 4500 jeunes, à la grandeur du Québec, qui ont eu droit à des vêtements neufs bien avant l’arrivée du Père Noël et des grands froids.
Et tout ça part d’un fameux sous-sol d’église, l’ex chapelle Ste-Famille où loge le Centre Communautaire Hochelaga.
Avant le Covid, l’année scolaire y rythmait les activités. Après l’école, les jeux, ateliers de psycho-motricité, avec collations, s’y succédaient. Idem pour les congés de Noël et la relâche scolaire : en matinée, film et jeux, déjeuner compris, et en après-midi, on va jouer dehors ! Pour les parents, Roland tenait deux gros bazars, en octobre et mai, où des vêtements NEUFS se trouvaient pour 2$.
L’été, le camp de jour attirait normalement 225 enfants. Pour l’été 2020, avec la distanciation requise, seulement 30 enfants auraient accès aux activités. Vous imaginez le désarroi des 190 enfants refusés ? Roland cherche à ouvrir des « succursales » dans les écoles du quartier. « Mes animateurs et animatrices sont pas des flancs mous ! Ils sont prêts à faire bouger les jeunes autant qu’à s’assurer que les mains soient lavées ! » Il ne manque que des locaux ! Tout un défi que Roland surmontera.
Lorsque le 14 mars, son gros événement « Complètement givré » a été annulé, Roland demanda l’aide à ses donateurs. Et parvint à donner pour 11 000$ en bons d’achats chez les épiciers Métro. La collecte continue, Roland est vite sur ses patins : c’est lui qui offrit d’accueillir le Marché Solidaire sous son toit durant les mois froids. Comme nous, il lutte contre l’insécurité alimentaire de son petit monde ou comme Robin des bois qui offrit encore samedi dernier 20 repas à 20 familles chanceuses !
Nos vies ont basculé. Les camps de jour ne seront pas les mêmes : hier, on sortait en métro au Festival de Jazz, faire la tournée des parcs et piscines de la Ville, là, on restera davantage dans le quartier. « Mais faut que nos jeunes puissent socialiser ! » Et pour ça, comptez sur Roland Barbier : « On va travailler très fort et on va réussir! » Il lance… et compte !
(Texte: Michel Duchesne) - Printemps 2020
Y’a pas que les ventres qui sont vides : les gens ont faim de contact humain.
En temps normal, ça grouille de vie dans les allées du Centre Boyce-Viau. Mais les 200 familles et ménages restent enfermés, apeurés de croiser son voisin. Aucuns rires d’enfants, personne qui papote d’un balcon à l’autre. Un vrai village fantôme.
Mais y’a deux gardiens de la bonne humeur : Jules et Romuald, intervenants sociaux. Leur boîte vocale déborde, ils répondent aux appels de détresse et ont transformé les activités à la salle communautaire en animations virtuelles.
Aujourd’hui, ils s’occupent de livrer de la bouffe maison à près d’une quarantaine de familles. Jadis, la cavalerie débarquait pour sauver les héros in extremis. En ce lundi tristounet, ce sont 3 cyclistes qui rappliquent, les remorques pleines de repas préparés par la Cuisine Collective et la Tablée de Chefs. De quoi égayer la semaine des familles encabanées ! Vive le chili végétarien, du porc aux légumes, une tarte aux tomates, en plus de denrées sèches, grâcieuseté de Moisson Montréal.
Les étagères et frigos du Centre débordent, le temps, qu’à son tour, l’organisme GCC La Violence vienne chercher ses rations pour son monde.
Tantôt, Jules et Romuald iront faire la livraison aux appartements des familles. Pour plusieurs, ça restera des repas en solitaire, surtout pour les aîné·e·s qui ont peur de sortir, des cas de Covid ayant été signalés à la grande surface du quartier. « Avant, nous organisions un brunch aux 2 semaines, là, les gens se parlent tout seul ! »
Et heureusement, il y a le bouche à oreille. Ce matin même, Juana Maria a eu vent de nos repas bienfaisants par son amie Belinda. Son nom s’est aussitôt ajouté à la liste de ceux et celles qui résistent à la déprime. Car s’il est une chose que le virus ne tuera jamais dans Montréal, c’est l’entraide.
Et l’inventivité.
Tout comme nos cuisines se sont rapidement adaptées aux consignes sanitaires, à Boyce-Viau, l’aide sociale se fait virtuellement. Les ados rejoignent les animateurs sur Instagram, les adultes via Facebook, pour des ateliers vidéos de cuisine, de décoration, de musique et même de fabrication de cosmétiques ! Mais pour plusieurs, rien ne remplacera un téléphone de Jules : la voix humaine fera toujours un bien fou. « La première semaine, ça allait, mais là, depuis deux mois, ça crash, ça craque de partout. »
Alors vive les petits plats réconfortants et un beau bonjour de nos intervenants, histoire de garder le moral et la santé. Après tout, Obélix ne chantait-il pas « Quand l’appétit va, tout va » ?
(Texte: Michel Duchesne - Printemps 2020)
Depuis 32 ans, ils sont aux premières lignes à nettoyer nos bureaux, des résidences pour aînés, vos commerces : « Nous savions que nous ne changions pas le monde mais nous étions convaincus que nous participions à le rendre meilleur.» disait la cofondatrice de Service d'Entretien PROPRET, Monique Verschelden. Mais en temps de pandémie, un ouvrier rajouterait : «Dans ma tête, j’allais pas risquer ma vie !»
Avec le coronavirus, les même gestes d’entretien et de prévention ont acquis à la fois de la gravité… et une plus grande reconnaissance :
« Nos 150 employés se sont mis à recevoir des MERCI !
après avoir désinfecté des locaux et des chambres », nous raconte Pascale Corriveau, coordonatrice à l’insertion. Avant, ils étaient un peu invisibles, il aura fallu un virus pour qu’on comprenne l’importance des équipes d’entretien.
En mars, certains employé·e·s ont toutefois eu peur de rentrer travailler, mais personne n’est tombé malade dans les 3 derniers mois. Plusieurs ont vu leurs heures coupées : parmi les clients de Propret, y’a des cinémas, des bureaux fermés, le télé-travail nécessite moins de désinfection ! L’avantage des entreprises en d’économie sociale, c’est qu’on se serre les coudes : en plus du soutien alimentaire, des clients et des commerces ont aidé ces employé·e·s sur la touche. La Cuisine Collective depuis un mois livre des plats bienfaisants les vendredis aux vaillants nettoyeurs de l’ombre.
Cuisine et entretien font bon ménage ! Nous-mêmes comptons sur ces magiciens de la propreté, qui après avoir nettoyé la clinique Fondation Du Docteur Julien rendent nos cuisines impeccables pour le lendemain. Depuis 15 ans en poste, leur directeur de l’exploitation Ruben Jimenez et ses troupes forment des préposée·s à l’entretien qui vaquent autant dans les SEPAC, les hôtels, le Biodome et des tours à condos et de bureaux où vous les croisiez sûrement
En 32 années, PROPRET a redonné une dignité et du travail à des milliers de sans-emploi, souvent sous-scolarisés : de nouveaux arrivants comme des gens se relevant d’un burnout ou d’un problème de santé ; d’anciens itinérants, référés par l’Accueil Bonneau, le Refuge des Jeunes de Montréal… PROPRET a donné une nouvelle vie à Diana Vilaire : « je ne savais même pas comment sourire car j’avais trop de peurs en moi. » Stéphane André travaille dans une résidence pour aînés de 500 personnes qu’il salue toujours quand il les croise : « je sais que ce petit bonjour-là, c’est peut-être le seul qu’ils recevront dans leur journée »
En pleine pandémie, une nouvelle cohorte débutait leurs 910 heures de formation. Il a fallu repenser l’enseignement donné dans des locaux de la SDC Technopôle Angus. Tous les nouveaux apprenant·e·s portent visière et masque, des méthodes de désinfection s’ajoutent et tous ces changements sont documentés via des capsules vidéo pour enseigner grâce au Théâtre Paradoxe.
Les employé·e·s d’entretien sont sortis de l’ombre! N’oubliez pas de les saluer la prochaine fois que vous les croiserez.
(Texte: Michel Duchesne) - Printemps 2020
Le chemin qui a mené Louiza à la Cuisine collective a été sinueux, c’est le moins qu’on puisse dire! Détentrice d’un baccalauréat en sciences biologiques obtenu en Algérie d’où elle est originaire, c’est sa passion pour la cuisine qui lui a donné envie de suivre notre programme d’insertion socioprofessionnelle à Montréal.
Avec son bagage académique, Louiza pouvait être technicienne de laboratoire en Algérie. Mais en arrivant au Québec en 2015, elle a appris qu’il lui faudrait refaire sa formation pour avoir le droit de pratiquer son métier ici, comme c’est le cas pour bien des nouveaux arrivants. Afin de travailler plus rapidement, elle a alors choisi de faire une formation de technicienne en contrôle alimentaire. Sauf qu’une fois son diplôme en poche, elle découvre que les quarts de travail disponibles sont surtout de soir ou de nuit, ce qui lui paraît impossible sans permis de conduire.
Après avoir occupé le poste d’éducatrice en garderie pendant un an, elle décide de réorienter sa carrière de nouveau lorsqu’elle entend parler du programme d’insertion sociale et professionnelle de la CCHM. Résiliente, elle soumet sa candidature en 2019 et est acceptée. « Je suis passionnée de cuisine depuis mon tout jeune âge; j’aidais ma mère à préparer des plats déjà à 8 ou 9 ans. » On comprend entre les lignes que pour Louiza, du baccalauréat en sciences biologiques au travail en cuisine, il y a dû y avoir certains deuils à faire. Mais tout au long de son récit, on sent qu’elle a pris la décision de trouver son bonheur dans son travail, quel qu’il soit.
Saviez-vous que Louiza était trilingue? Le kabyle est sa langue maternelle, et l’arabe était la langue parlée à l’école jusqu’à la fin du secondaire. À l’université, les enseignements se donnaient en français; elle avait donc déjà une bonne base pour vivre et travailler en français au Québec. « Tout de même, c’est en arrivant ici que j’ai développé mon vocabulaire et amélioré mon accent! Ça m’a servi en faisant le service à la clientèle au Marché HM et à l’Épicerie collective après ma formation en cuisine. »
Parmi les nombreux rôles qu’elle a occupés au sein de l’organisation, donner un coup de main pour la plantation des semis à la ferme agricole de la CCHM lui a particulièrement plu. «Tout le monde est venu prêter main forte, on n’a donc pas senti que le travail était dur. On s’entraide beaucoup ici. On s’est défoulés en même temps, en vivant cette connexion avec la terre, et en travaillant avec des collègues hors cuisine. Le midi, on mangeait tous ensemble à l’extérieur, on a pu échanger des idées, discuter, apprendre à mieux se connaître. Après le confinement du printemps, c’était encore plus apprécié! »
Louiza a aussi un grand attachement pour la mission de l’organisation, encore plus dans le contexte d’insécurité alimentaire causé par la pandémie: « Ça me donne des frissons quand je vois ce qu’on fait pour les personnes qui ont de la difficulté à bien manger. Ça donne un sens à mon travail quand je prépare des repas pour les gens démunis. Toute l’équipe, on est fiers de participer à ce mouvement d’entraide. »
(Texte : Tania Leduc - Été 2021)
Jean travaille pour la CCHM depuis 12 ans. Cet homme très polyvalent et généreux de son temps est un atout incroyable pour l’équipe; depuis son arrivée dans le cadre du programme d’insertion, il a touché à presque tout!
C’est à 49 ans que Jean a fait son entrée à la CCHM, en 2009. Blessé après avoir travaillé 17 ans en manutention, il ressentait le besoin de se réorienter. Il aurait pu retourner dans la construction, un domaine où il avait acquis de l’expérience en Haïti dans sa jeunesse, mais il a préféré intégrer le programme de réinsertion socioprofessionnelle de la CCHM, plus adapté à sa forme physique.
En plus des cours de français et de mathématiques qui étaient originellement au programme à l’époque, il a appris à couper des viandes, préparer des salades et des sandwichs. Il a particulièrement apprécié ses apprentissages dans la confection de desserts! « Si un jour je retournais dans son pays, je m'en servirais pour ouvrir une pâtisserie. J’y ai encore des proches, peut-être que la situation politique et la sécurité s’amélioreront éventuellement... »
Une fois sa formation terminée, la CCHM lui a offert de rester. Félix, gérant des cuisines de la CCHM, affirme que Jean a beaucoup de cordes à son arc, tant et si bien qu’il le qualifie à la blague « d’harpe »! Avant la pandémie, Jean se chargeait souvent de livrer les repas de traiteur, parfois 300 ou 400 repas à la fois, pour de grands événements. Depuis 2020, il livre plutôt des repas congelés pour les personnes dans le besoin, et recueille des denrées chez Moisson Montréal pour les cuisines et la distribution.
« C’est bien d’aider les gens qui en ont le plus besoin. On approche ces gens-là pour les aider. De jour en jour la vie est devenue plus dure, les gens qui ne travaillent pas ou qui n’ont pas un gros salaire viennent ici, cuisinent avec les autres, s’encouragent. Ça les aide à réintégrer le marché du travail ou à sociabiliser. »
Jean a aussi grandement participé au nouveau projet de ferme urbaine. Grâce à son expérience en menuiserie, il a passé plus de 6 semaines à construire les très belles jardinières que vous pouvez voir sur le boulevard De Maisonneuve. Avec une autre participante du programme de réinsertion, Hassel, il a également construit des jardinières à deux étages qui nous permettent de produire plus sur une surface réduite. « C’est un beau projet. Cette année, il y aura beaucoup de légumes! Avant on les achetait, maintenant on les produit nous-mêmes. Les fruits et légumes qu’on va faire pousser seront distribués à d’autres organismes, des cuisines collectives, etc. Ces légumes vont les aider. »
Au cours de ses années à la CCHM, Jean considère qu’il a appris beaucoup de choses, et notamment le travail d’équipe. Il adore l’ambiance et l’esprit de collaboration qui règnent sur les lieux de son travail. L’heure de la retraite approche pour Jean, mais si on veut encore de lui, il espère pouvoir continuer à faire partie de l’équipe de la CCHM, qu’il considère comme sa 2e famille. « Si on vit des difficultés au travail, tout le monde est là. Nous sommes unis pour avancer ensemble. »
(Texte : Tania Leduc - Été 2021)
Najat est une femme rieuse et chaleureuse. Son enthousiasme est contagieux en cuisine. Mais elle l’admet elle-même, elle n'a pas toujours été comme ça; avant d’arriver à la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve, elle était très timide et parlait difficilement le français. Une métamorphose s’est amorcée au contact de ses nouveaux collègues.
Arrivée au Québec il y a 25 ans, Najat est mère de 4 enfants de 23, 22 et 17 ans (des jumeaux!). En jonglant avec ses responsabilités familiales et son rôle de mère au foyer, elle a étudié le français pendant 5 ans. Cependant, elle n’avait pas souvent l'occasion de se pratiquer et de s’améliorer.
Ses enfants devenus grands, elle a un jour décidé de s’inscrire à la formation d’insertion sociale et professionnelle de la CCHM, qui est destinée aux personnes en situation d'exclusion. C’est avec beaucoup de reconnaissance qu’elle a appris son acceptation au programme l’été dernier. Pour Najat, c’était une première expérience de travail en 25 ans! Conquise par la gentillesse et l’entraide démontrée par tous les participant·e·s et encouragée par les formateurs et formatrices, elle est lentement sortie de sa coquille.
« On travaillait comme une famille! »
En cuisine, elle a appris beaucoup de choses, le maniement des couteaux, la concoction de sauces et de salades, ainsi que des mets préparés. Elle a également adopté plusieurs nouvelles recettes saines et nutritives. « Depuis ma formation, quand je prépare quelque chose à la maison, mes enfants sont très contents. Eux aussi sont reconnaissants! »
Une fois sa formation de 6 mois terminée, la CCHM lui a offert un poste d’aide-cuisinière. « J’ai pleuré quand j’ai appris que j’étais embauchée. J’étais tellement contente! La mission de l’organisme est vraiment bien, et j'y apprends beaucoup de choses. »
Au sein de son équipe de travail, elle est très appréciée, comme en témoigne Félix Forbes, gérant des cuisines : « Najat démontre une loyauté sans borne pour l’organisme. Elle est toujours là pour nous, une présence discrète et fidèle. Elle nous gâte beaucoup, en nous amenant des baklavas et du tajine qu’elle a préparés chez elle. On sent qu’elle nous a adopté comme sa deuxième famille. »
Najat est dorénavant affectée à l’entretien, dans le but d’assurer un respect rigoureux des mesures sanitaires en place. Un poste qui lui tient également à cœur : « Je lave tout tout tout, les surfaces de travail, les poignées de porte, tout! C’est très important pour moi que personne ne tombe malade. » Un rôle crucial dans une cuisine de production qui distribue des centaines de repas chaque semaine aux familles dans le besoin.
Dans tout ce qu'elle fait, Najat y voit une opportunité de croissance, d’apprentissage et d’inclusion dans la société québécoise. Son expérience au sein de la CCHM l’a transformée:
« Je suis devenue une femme forte! Et c’est ce que je souhaite être. Je n’étais pas comme cela avant; apprendre et travailler ici, ça m’a changée. »
(Texte : Tania Leduc) - Été 2021
Marie-Claude est reconnue en cuisine pour son rire contagieux. Ses collègues apprécient sa personnalité attachante, sa volonté de fer et le cœur qu’elle met à l’ouvrage.
Cette ancienne participante au programme de réinsertion socioprofessionnelle avait déjà de l’expérience en cuisine avant d’arriver à la CCHM. C’est après avoir pris part au programme des Compagnons de Montréal, un organisme qui favorise la promotion et l’autonomisation des personnes différentes, qu’elle a fait son chemin jusqu’à nous.
Auprès des formateurs et formatrices de la CCHM, elle a appris la coupe des légumes, la manipulation des couteaux, le nom des instruments de cuisine, mais également toutes sortes de recettes.
Suite à sa formation, on lui a offert un poste de plongeuse. Félix, gérant des cuisines, l’a gentiment surnommée « la plongeuse nationale », tant elle est travaillante et enthousiaste.
« Je suis heureuse ici, tout le monde est gentil avec moi, ils sont souriants. Travailler ici, ça m’a apporté de la confiance en moi. La mission me fait plaisir aussi. »
Marie-Claude souligne que ses apprentissages l’ont également aidée à faire à manger à la maison, en plus d’intégrer de nouveaux plats. Cela fait plaisir à son conjoint, avec qui elle réside en compagnie de ses 2 chats. Par la bande, Marie-Claude nous confie qu’après sa journée en cuisine, elle aide aussi son conjoint à faire l’entretien des 12 étages de l’immeuble où ils habitent. On aimerait bien connaître le secret de cette belle et douce énergie qui l’anime!
(Texte: Tania Leduc - Été 2021)
Avant de faire partie de l’équipe de la CCHM, Joanne était opératrice de machines industrielles. Un emploi atypique à une certaine époque pour une jeune femme, mais qui lui permettait de subvenir seule aux besoins de ses enfants. Dorénavant libre de ses obligations parentales, de son propre aveu, « on ne [la] sortirait plus de la cuisine!!!»
Le grand-père de Joanne était cuisinier dans les chantiers. À 5 ans déjà, elle s’assoyait à ses côtés pour l’aider à cuisiner pour ses cousins. Quel hasard de la vie l'a finalement ramené à ces racines, à l’âge de 42 ans? C’est son agent d’assurance-emploi qui lui a parlé du programme d’insertion socioprofessionnelle de la CCHM. Dès les premiers instants, elle est « tombée en amour » avec ce qu’on lui a dit de l’organisation. En 2016, elle a été recrutée comme participante.
Pendant ses 6 mois de formation, elle a enrichi ses connaissances culinaires. « La cuisine, c’est devenu mon dada. Je me sens comme un petit poisson dans l’eau! » Avant même d’avoir terminé sa formation, elle manifestait le désir d’avoir plus de responsabilités ; « J'avais mentionné à un des chefs que couper des légumes pour couper des légumes, je trouvais ça plate. Le lendemain, il est arrivé avec une belle grande liste de choses à faire, en me disant “Ça, c’est ta journée. De cette façon, tu peux travailler seule et de manière autonome.” Wow! Pour moi, avoir le courage de demander des responsabilités, et recevoir un tel signe de confiance en retour, c’était une belle réussite. »
Embauchée en 2017 au terme de sa formation, elle a eu la chance d’inaugurer la toute nouvelle cafétéria de la CSN. Son rôle d’aide-cuisinière lui a permis de toucher à plein de choses, le comptoir sandwichs, les salades, marinades et fromages. Le service à la cafétéria a été interrompu en mars 2020, ce qui a ramené Joanne en cuisine à la CCHM pour un moment. Ce retour a une valeur spéciale à ses yeux :
« On cuisinait des soupes et des sandwichs pour les personnes itinérantes, puis des repas destinés aux bénévoles à vélo qui faisaient la livraison des repas pour les personnes démunies. Ces livreurs en faisaient tellement pour notre mission, en transportant les denrées été comme hiver, en vélo pour aider les gens dans le besoin.... C’était facile de cuisiner pour eux pour les remercier. »
Exigeante envers elle-même, Johanne est fière de constater qu'elle a progressé et s’est améliorée au fil du temps. Félix Forbes, gérant des cuisines, la décrit comme une employée travaillante et fiable. « Johanne est vraiment une employée sur qui on peut compter. Elle a une belle autonomie et on peut lui donner différentes responsabilités. »
Au cours des 4 dernières années, Johanne a ainsi occupé plusieurs postes; assistante formatrice, animatrice d’ateliers, supervision des participants du programme au Marché HM pour le volet service à la clientèle et valorisation des produits de la ferme. À l’Épicerie La Collective, elle s’assure d’offrir un service à la clientèle impeccable, et qu’il y ait de tout, du vrac, des produits du terroir, des viandes et des mets préparés par les cuisines de la CCHM.
Tournée vers l’avenir, Johanne espère réintégrer la cafétéria de la CSN lorsque les mesures sanitaires le permettront. D’ici là, elle continuera de se réaliser au sein de son équipe de travail. « J’adore la Cuisine collective, pour l’ambiance entre collègues, mais aussi pour la mission qu’on a d’aider les gens à mieux se nourrir. Et les jardins, qu’on est en train de multiplier partout dans Hochelaga... je ne me verrais pas travailler ailleurs! »
(Texte: Tania Leduc - Été 2021)
Dans une « autre vie », Mirline était éducatrice volante en garderie. Pendant 13 ans, elle a veillé sur les tout-petits au sein de ces services éducatifs. En 2019, une réorientation de carrière l’amène à découvrir divers programmes de réinsertion professionnelle avec Emploi-Québec. Après avoir passé plusieurs entrevues et avoir été acceptée dans plusieurs organismes, son choix s’est arrêté sur la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve.
« J’avais envie d’apprendre à travailler en cuisine. À la CCHM, chaque participant a ses défis, mais également des possibilités d’évoluer, entres autres grâce à la présence de Caroline, l’intervenante. Elle m’a vraiment aidée à sortir de ma coquille, et à ventiler à l’occasion. »
Caroline, coordonnatrice et intervenante aux cuisines, est présente auprès des participants pour les écouter, les accompagner, les amener à développer leurs compétences socioprofessionnelles mais également leur confiance en eux. « Mon lien avec Mirline est particulier, car elle a su au fil du temps s’ouvrir à moi, me faire confiance. Je crois être capable de déceler lorsque quelque chose ne va pas. Aussi, je dois avouer que je l’apprécie énormément! Mirline est une femme extrêmement courageuse et persévérante.»
Au cours de sa formation, Mirline a aimé faire partie de plusieurs brigades, et apprendre les noms exacts des choses, couteaux, coupes, et ainsi de suite. Elle admet elle-même avoir défait plusieurs habitudes de la maison! De son expérience au service traiteur, elle a retenu que la présentation a son importance. « Le client doit trouver ça beau, donc toutes les étapes, de la coupe à l’assemblage, doivent être soignées! »
Mirline s’est vue offrir un poste d’aide-cuisinière en février 2020, au terme de sa formation. À peine quelques jours plus tard, la CCHM a dû fermer ses portes et faire plusieurs mises à pied. Mais 3 semaines plus tard, la direction trouvait le moyen de reprendre les activités.
Après un an en cuisine, Mirline s’est mise à travailler au service à la clientèle du Magasin communautaire et du Marché Solidaire HM. Au Magasin, ils offrent aux personnes démunies ainsi qu’aux employé·e·s des denrées à prix modiques. Au Marché, elle vend des produits de la ferme, de la Bocalerie et des toits potagers de la CCHM, ainsi que des produits du service traiteur. Ce nouveau défi l’a fait grandir:
« J’ai beaucoup évolué depuis mon arrivée; avant, j’étais très timide. Caroline et Benoist m’ont aidée là-dedans. J’aurai toujours du travail à faire sur moi-même à ce sujet, mais aujourd’hui je me sens épanouie, je peux parler à tout le monde! Parfois on se met trop de pression face à la nouveauté, mais si on se laisse le temps d’apprendre, ça va venir, graduellement. »
Pour Félix, gérant aux cuisines de la CCHM, Mirline est probablement la participante qui a le plus évolué depuis son arrivée. « Mirline est très autonome, et elle se démarque par sa grande envie d’apprendre. Elle est débrouillarde et curieuse, de belles qualités qui enrichissent l’équipe. On l’a sortie de sa zone de confort avec le Magasin et le Marché, pour essayer autre chose, et on est très fier·e·s d’elle. »
(Texte: Tania Leduc - Été 2021)
Keven est le plus jeune employé dans nos cuisines. Peu loquace, il se démarque plutôt pour sa volonté d’apprendre et l’énergie qu’il met à l’ouvrage.
En sortant de l’école, Keven cherchait dans quel domaine il souhaitait entrer sur le marché du travail. La cuisine lui a semblé un bon environnement d’apprentissage; c’est pourquoi il a joint le programme de réinsertion sociale et professionnelle de la CCHM en janvier 2020.
Pendant son parcours, il dit avoir appris vraiment beaucoup de choses:
« Bien sûr il y a les coupes, les cuissons, mais aussi l’organisation des frigos, l’entretien sanitaire d’une cuisine. J’ai aussi appris à montrer des choses à d’autres, c’est un talent que je n’avais pas avant! »
En effet, après avoir complété son programme, Keven a été embauché comme aide-cuisinier et jumelé à un chef. Polyvalent, il lui arrive souvent de changer de section; traiteur, coupe de légumes, cuissons, bouchées. Lorsqu’il travaille en binôme avec les nouveaux participants du programme, il en profite pour partager ses connaissances et donner quelques trucs.
Ce qu’il apprécie plus particulièrement de son milieu de travail, c’est l’ambiance; « le travail se ressemblerait probablement ailleurs, mais l’ambiance est bonne ici, et le est agréable, amical. Il y a beaucoup de partage des connaissances. » La mission de l’organisme rejoint également ses valeurs.
Félix Forbes, gérant aux cuisines, apprécie sa présence en cuisine; « Keven, c’est une force tranquille, il ne s’active pas en criant mais plutôt en travaillant dans son coin, jusqu’à ce qu’il ait le résultat escompté. Il est discret, mais il a de la "drive". » On apprend entre les branches qu’il fait rire ses collègues aux fourneaux, mais apparemment il faut être là pour en profiter...tant pis pour nous!
On peut néanmoins vous dire que Keven a aussi développé sa patience depuis son arrivée parmi nous: « Elle s’est beaucoup améliorée! Pendant les cours il fallait parfois recommencer plusieurs fois la même chose, par exemple pour apprendre à couper une viande de la bonne façon. À force... on accepte de recommencer pour devenir meilleur! »
(Texte: Tania Leduc - Été 2021)
Hassel est originaire du Salvador. Là-bas, elle travaillait avec ses proches au restaurant familial; la cuisine était donc un milieu naturel pour elle!
Arrivée en juin 2017, Hassel a débuté la formation en francisation. Lorsqu’on lui a demandé quel emploi elle voudrait occuper, elle a tout de suite manifesté son intérêt pour la cuisine. De fil en aiguille, elle a pris contact avec la CCHM, où on lui a expliqué la marche à suivre pour intégrer la formation d’insertion socioprofessionnelle. Elle a participé au programme de mai à décembre 2019 comme aide-cuisinière.
À la fin de sa formation, elle s’est immédiatement fait offrir un poste permanent au sein de notre équipe en cuisine. Lorsque la pandémie a forcé la fermeture de la CCHM en mars 2020, tous se sont demandés ce qu’il adviendrait de leur emploi. Heureusement, la réorganisation des activités a permis le retour des employé·e·s. Hassel a d’abord été affectée aux pièces froides; le fait qu’elle soit la seule personne à avoir accès aux congélateurs et frigos permettait de respecter rigoureusement les mesures sanitaires.
Après quelques temps, elle a joint la nouvelle équipe du Magasin communautaire. Là-bas, elle prépare les commandes de plats congelés et d’items de première nécessité. Toutes les denrées reçues de Moisson Montréal sont distribuées selon les besoins des membres de la communauté. Ces commandes partent ensuite vers les organismes partenaires, grâce à la collaboration de nos valeureux et valeureuses cyclistes bénévoles.
Polyvalente, Hassel a aussi participé à la confection des jardinières et à la plantation des tomates, laitues, poivrons et oignons devant le 5600 Hochelaga, ce qu’elle a bien apprécié.
L'été, lorsqu’elle n’est pas au Magasin communautaire, Hassel vend les produits de la ferme agricole au Marché HM. Son sourire chaleureux fait assurément le bonheur des personnes qui fréquentent l’endroit.
« J’aime beaucoup travailler ici car il y a beaucoup d’expérience à acquérir, j’aime la variété. J’apprends beaucoup de nouvelles choses, et ça m’aide aussi à améliorer mon français. »
La CCHM lui a offert son premier emploi au Québec. Elle nous a quitté récemment pour déménager dans une autre ville, où elle travaille dans les cuisines d’une résidence pour ainé·e·s. Nous lui souhaitons du succès dans ses futurs projets, en espérant que l’expérience acquise avec nous lui serve bien!
(Texte: Tania Leduc - Été 2021)
Nous ne pouvons pas nous permettre de simplement « tout refaire comme avant ».
L’ensemble de la société navigue à vue afin de passer le cap de la pandémie et de préparer la relance. À la CCHM, nous avons la conviction que la redéfinition de nos actions devra tenir compte de préoccupations plus grandes que nous.
Le développement durable en est un bon exemple; la vision de La CCHM devra passer de la parole aux actes. Comme acteurs du milieu de l’éducation populaire, qui favorise le droit à une saine alimentation pour tous, nous devrons tenir compte de nouveaux indicateurs. Il nous faudra redéfinir notre approche collective face aux protéines animales sans pour autant les éradiquer, repenser la diversité de ce que nous cuisinons et aussi comment nous le cuisinons. Il faudra également nous positionner sur nos choix d’emballage et notre façon de nous approvisionner, revoir ensemble notre rapport à l’opulence et à la perte de marchandise. Le sens et l’agilité de nos revenus autogénérés se nourriront aussi de ces mêmes préoccupations.
Depuis le début de la pandémie, notre vie associative a été durement affectée ; les groupes de cuisine collective sont à la maison depuis 19 mois, les pratiques et habitudes devront se reconstruire avec le temps. Même en appliquant des mesures sanitaires rigoureuses, certaines personnes ne seront pas confortables à l’idée de revenir en cuisine, il faudra les y aider.
Plusieurs initiatives ont vu le jour depuis mars 2020 dans le but d'assurer une continuité dans l’aide à la communauté. Le magasin communautaire, notamment, est là pour rester. La livraison auprès des familles et personnes les plus fragiles se poursuivra pour longtemps. Dans la même optique, afin de favoriser l’accès de nos membres à une saine alimentation, nous aménagerons dans les prochains mois une bibliothèque de prêt de matériel de cuisine.
Quant à l’insertion socio-professionnelle, de nouveaux segments de formation seront ajoutés, dans les domaines de l’agriculture urbaine, du service à la clientèle et dans les fonctions de magasinier·e·s.
Pour nos activités économiques, nous devrons continuer à ajuster notre offre alimentaire pour qu’elle demeure en phase avec les nouvelles réalités et demandes du service traiteur, de l’épicerie en ligne et auprès des services alimentaires du siège social de la CSN. Il faudra également rester ouvert·e·s aux opportunités qui se présenteront à nous.
Notre ferme agricole est en croissance; l’arrivée des serres et de nouveaux sites de culture soutiendront cet essor, afin de donner à nos communautés un meilleur accès aux fruits et légumes.
La Fondation de la CCHM vient tout juste d’être créée; il faudra l’accueillir au sein de notre organisation.
Enfin, nous souhaitons mobiliser nos partenaires dans des revendications communes, notamment au sujet de l’amélioration des conditions salariales des travailleuses et travailleurs de nos milieux. Le succès de la relève ainsi que la reconnaissance de ceux et celles qui œuvrent au sein de l’action communautaire et de l’économie sociale en dépendent, d’autant plus que nous traversons une période de pénurie de main-d’œuvre.
Nos actions de première ligne sont d’utilité publique et à cet effet, les subventions à la mission ne peuvent continuer à prendre le bord! Elles ne peuvent pas non plus être seulement indexées périodiquement; nous soutenons qu’elles doivent être concrètement revalorisées, comme bien d’autres secteurs et institutions qui agissent auprès des citoyennes et citoyens.
Une année riche à venir! Les enjeux de société et les enjeux de notre organisation vont continuer à orienter et guider bon nombre de nos décisions dans les prochains mois, afin de répondre au mieux aux besoins des plus fragiles mais aussi en prenant soin de nos équipes qui font des miracles au quotidien.
Pour cette deuxième année hors de l’ordinaire, nous tenons à saluer et remercier nos partenaires et bailleurs de fonds.
Le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada et PME Mtl Centre-Est, les premiers à avoir fait confiance à notre projet de ferme agricole en finançant son implantation. Ce projet a pris de l’expansion avec l’adhésion de Fondaction à la CSN, où nous avons désormais des potagers.
Le 5600 Hochelaga, qui nous a accueilli à bras ouverts! Grâce à leur confiance, la croissance de la ferme est assurée. Ce milieu corporatif a su offrir un environnement favorable à l’épanouissement de notre ferme agricole; il s’est révélé être un modèle à suivre pour les zones industrielles de la région. L’exemple de ce partenariat engendre d’ailleurs des demandes sur d’autres emplacements. Leur soutien nous permettra d’installer très bientôt une serre d’envergure sur ce site.
Les grandes fondations, telles que Centraide, Fondation du Grand Montréal, Mission inclusion, Fondation Jacques Francoeur, Fondation J.A. DeSève, Food Secure Canada, Fondation ÉCHO, sont toutes à l’écoute pour nous aider et soutenir nos actions. Sans vous, nous n’aurions pas pu répondre aussi globalement aux besoins des plus vulnérables.
Indéfectible partenaire, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a encore été fort présent à nos côtés pour soutenir les adaptations du modèle de formation dans un contexte où les participant·e·s au programme d’insertion ont appris un métier tout en développant leur esprit citoyen dans nos actions en sécurité alimentaire; ils et elles sont passé·e·s d’une position « d’aidé·e·s » à celles « d’aidant·e·s ». Ce fut extrêmement valorisant dans leur cheminement de vie.
PME MTL et la Caisse d’économie solidaire, qui nous ont accompagnés dans notre évolution et ont appuyé notre plan de relance socio-économique.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux pour l'aide financière complémentaire à l'accomplissement de notre mission.
Le Syndicat des Métallos, fidèle parmi les fidèles, est avec nous chaque année pour soutenir les cuisines de Noël.
Dans l’urgence, les instances municipales, provinciales et fédérales ont réagi prestement afin de répondre aux besoins financiers issus de la crise.
Merci aux précieux partenaires qui nous aident, soit en approvisionnement, en mutualisation ou en logistique, à atteindre nos objectifs : Moisson Montréal, La Cantine Pour Tous, le Réseau alimentaire de l’Est de Montréal et la Boucle solidaire, Corbeille Bordeaux - Cartierville avec le projet AlimenTERRE, La Tablée des Chefs et Les Cuisines Solidaires, ainsi que Bouffe-Action de Rosemont pour le transport.
Un grand bravo aux organismes du quartier, car sans eux, la distribution des denrées et repas ne pourrait pas se faire; Centre communautaire Hochelaga, L’Antre-Jeunes, Frigo communautaire et solidaire de l’Est, Répit providence, GCC la violence, Centre des jeunes Boyce-Viau, CARE-Montréal, Carrefour Jeunesse-Emploi Hochelaga-Maisonneuve, Le Mûrier, Distributions l’Escalier, Carrefour familial Hochelaga, Carrefour Parenfants, Productions Jeun’Est, YMCA Hochelaga-Maisonneuve, Maison Oxygène Montréal.
Y arriver, c’est aussi pouvoir compter sur nos regroupements et partenaires qui nous conseillent et nous accompagnent :
Collectif des entreprises d’insertion du Québec (CEIQ) et la Mutuelle de formation du collectif des entreprises d’insertion du Québec, Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire (CSMO-ÉSAC), Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ), Conseil d’économie sociale de l’île de Montréal (CÉSÎM), Association des restaurateurs du Québec (ARQ), Chambre de Commerce de l'Est de Montréal (CCEM).
À tous et à toutes, merci !
Pour faire bouger les choses, il faut une équipe solide !
Merci infiniment à toutes et tous pour leur implication !